HSBC, médaille d’or des affaires louches

Le 17 juillet dernier, Stuart Gulliver, dirigeant d’HSBC, écrivait dans un mémo à l’intention de ses employés : « Entre 2004 et 2010, nos contrôles anti-blanchiment auraient du être plus forts et plus efficaces, et nous avons échoué à identifier et empêcher des comportements inacceptables. […] Il est juste que nous soyons tenus pour responsables de ce qui a mal tourné. »

Dans le viseur principal de la justice américaine, la Banque HSBC est accusée d’avoir manqué de vigilance concernant certaines de ses opérations impliquant du blanchiment d’argent de la drogue et le financement d’organisations terroristes avec des dollars américains.

Mais tandis que la banque accepte de payer un milliard d’amende à ING pour que celle-ci retire sa plainte, la réflexion sur de telles relations entre banque, drogue et terrorisme peut susciter un questionnement sur la « culture HSBC ».

La culture HSBC ou la banque de prédilection des trafiquants et des terroristes

Au Mexique

Pour Joaquín Guzmán, chef du cartel Mexicain Sinaloa, et considéré comme le plus puissant trafiquant de drogue du monde, (on estime que son organisation est responsable pour moitié des narcotiques importé aux États-Unis chaque années), HSBC c’est avérée être une banque locale très fiable.

Selon un E-mail d’un des dirigeants d’HSBC, en 2008, 60 à 70% de l’argent sale des cartels mexicains (Sinaloa, Zeta,etc..) blanchi du Mexique vers les USA passaient par la branche mexicaine (HBMX) vers la branche américaine (HBUS), soit une part importante des 6 à 7 milliards de dollars passant de HBMX vers HBUS (les revenus du trafique de drogue mexicain étant estimés à 6,6 milliards par ans, soit 3 milliards pour Sinalao à lui seul).

Inutile de dire qu’avec de telles sommes, il aurait été difficile de ne pas se poser de questions. Mais, à la plus grande joie de Guzman, les dirigeants ne se souciaient pas des contrôles anti-blanchiment, comme le montre leurs propres E-mails cités dans l’enquête.

Ainsi, telle était la culture locale d’HSBC Mexique, rappelant étrangement un film culte des années 80…

À Dubaï : cannabis, opium et terroristes islamistes

Pour certains, la religion est l’opium du peuple. Pour HSBC et ses associés, la religion et l’opium du peuple afghan permettent d’alimenter le terrorisme international.Telle est l’interprétation suggérée par l’implication locale d’HSBC au moyen Orient. La commission d’enquête cite notamment le partenariat entre HSBC et la Banque Al-Radji qui fait parti d’un des principaux contributeurs d’Al-Qaïda.

La banque Al-Radji, principalement financée par la famille Al-Radji (qui détient 59 milliards des parts de la banque), est dirigée par Sulaiman bin Abdul Aziz Al Rajhi. Cette banque était sur la liste de la « chaine d’or » d’Oussama Ben Laden. Selon le rapport de la commission d’enquête, cette banque aurait « permis à Al-Qaïda et à Ben Laden de remplacer des actifs financiers et d’établir une base en Afghanistan suite à leur départ du Soudan en 1996 ».

Toujours selon le rapport, Al-Raji est à l’origine des financements d’Abdulaziz al Omari, un des terroristes du 11 septembre. Ce n’est qu’en 2005 que HSBC a commencé à s’interroger sur son partenariat avec Al-Radji, ce qui ne l’a pas empêché de reprendre ses échanges dès 2006. Finalement, ce n’est qu’en 2010 que la banque aurait cessé de fournir des dollars au principal organisme de financement d’Al-Qaïda.

Pendant ce temps, la banque Al-Radji, actionnaire majoritaire de l’Islami Bank Bangladesh Ltd, finançait par ce biais les activités de groupements terroristes au Pakistan, dont notamment les attentats de Mumbaï en 2008. Abdullah Khan, l’un des principaux artisans de ces attentats, fût aidé par Dawood Ibrahim.

En s’attardant sur le CV de Dawood Ibrahim, l’on peut constater, outre le fait qu’il est actuellement le deuxième homme le plus recherché du monde après Joaquim Gunzman, qu’il est à l’origine des opérations de blanchiment d’argent de la drogue afghane depuis 1999.

Avec un faible début, ses activités ont vue une croissance exponentielle à partir de 2001, lorsque l’OTAN a envahi l’Afghanistan : la production d’opium et de cannabis est ainsi passée  de 185 tonnes  en 2001 à 4200 tonnes en 2005 puis 7700 tonnes en 2008 (chiffres estimés par les forces de la coalition).

Selon le quotidien Times of India, Dawood utiliserait des bateaux démantelés et ré-assemblés dans le port d’Alang pour transporter des tonnes d’opium et de cannabis de Kandahar vers Dubaï et d’autres destinations. La drogue serait convertie en argent à partir de Dubaï, mais aucune enquête n’a encore montré quelle banque, HSBC, Al-Radji (la banque la plus importante d’Arabie Saoudite selon Business Insider), serait impliquée dans ces opérations.

(Source supplémentaire : Vijayvaani.com)

Ainsi donc, que penser des allégation du dirigeant d’HSBC déclarant que  les contrôles anti-blanchiment ont été trop faibles ? HSBC n’a t elle pas été créée pour blanchir l’argent de l’opium depuis ses débuts ?

La question reste ouverte car, les autorités américaines attaquant HSBC, seul 1 milliard d’amende a été réclamé en sanction d’activités de financement du terrorisme et de blanchiment d’argent de la drogue, responsables de milliers de morts, de guerres interminables, au profit d’organisations criminelles parmi les plus puissantes de la planète.

Mais comment incriminer les banquiers d’aider les plus dangereuses mafia du monde quand ceux ci détiennent la médaille d’or de la mafia la plus puissante du monde ?

La maxime d’un certain Tony Montana dans le Scarface de Brian de Palma prend ici tout son sens : « The world is yours !« 

Une chose est sure : si l’idée de fumer de l’afghan ou de la mexicaine après avoir lu cet article passait par vos synapses, je vous invite à avoir une pensée pour Joaquín Guzmán, Dawood Ibrahim et, bien entendu, Stuart Gulliver…